Par où commencer ?
Vous êtes à Londres, alors commençons par ce qui est évident, les banques d'affaires sont nombreuses. Si votre formation universitaire n'est aucunement liée à la finance, au commerce ou à la comptabilité, au contraire votre mémoire abordait un sujet obscur en littérature, en Angleterre, rien ne vous empêche de faire carrière dans la banque ! A bank hires a good mind, not a degree. Enfin, c'est le principe.
Si l'idée de travailler dans la banque vous donne des sueurs froides, considérez alors vos autres options en finance. Les agences de notation financières (S&P, Moody's, Fitch) sont de très bonnes écoles et de loin les plus humaines des institutions financières. Enfin, considérez les firmes comptables et d'audit (KPMG, Deloitte & Touche, PriceWaterhouseCoopers, Ernst & Young, Grant Thornton). Celles-ci ne se limitent pas à l'audit, mais ont même d'importants départements de finance corporative. De plus, elles ont aussi l'avantage d'avoir des bureaux parsemés à travers le pays. Leeds est le deuxième centre financier du Royaume-Uni.
Postuler pour un poste directement chez un employeur potentiel est tout à fait louable, mais il ne serait pas avisé d'écarter entièrement la possibilité de passer par l'entremise d'agences de recrutement. Leur usage est commun en Angleterre. La seule mise en garde à l'endroit des agences en Angleterre, c'est de se saisir qu'elles représentent les intérêts de l'employeur, leur client. Évitez alors de vous imaginer que le rôle de l'agence est celui de votre aider dans votre recherche d'emploi quand la fonction de l'agence en Angleterre est celle d'aider l'entreprise à trouver un employé. Bien que la différence puisse ne pas paraître énorme, en tenir compte, vous aidera à ne pas fonder vos espoirs sur l'appui des agences. Ainsi, si un agent vous informe que votre candidature n'a pas été retenue, mais qu'il vous contactera bientôt, comprenez aussitôt que l'on vous invite poliment à aller chercher ailleurs. Ne désespérez pas, vous êtes après tout à Londres, vous trouverez quelque chose. www.efinancialcareers.com et www.toplanguagejobs.co.uk.
L'agence de placement, Angela Mortimer, est surtout connue pour ses emplois comme personal assistants, mais elle offre aussi des postes intéressants en finance. À la différence de nombreuses autres agences, Angela Mortimer reste fidèle à ses candidats (c'est-à-dire qu'elle ne vous laisse pas tomber dès le premier échec), et accorde une grande importance à vos connaissances de langues étrangères : www.angelamortimer.com.
Conseils et réponses à quelques unes de vos préoccupations
Les salaires : Le niveau de votre salaire en Angleterre est fonction du nombre d’années d’expérience, et non du niveau d’éducation. Par exemple, en complétant un doctorat en ingénierie de University College London, vous commencerez au début de votre carrière avec le même salaire qu’un manutentionnaire (j'exagère un peu). Enfin, s’il faut reconnaître que même en Angleterre les diplômes ouvrent des portes, il faut alors saisir qu’ici, ils ne les défoncent pas. Tout au plus, vos études vous assureront peut-être un entretien, mais pas un emploi, même si vous êtes un diplômé d’une grande université.
Ne postulez pas à n’importe quel poste : Le milieu financier britannique, la City, est énorme. 250,000 personnes, prétend-on, y travaillent. Et la conséquence d’une telle taille, c’est que les employeurs recherchent des profils très spécifiques. Ainsi, ne postulez qu’à des postes dont la description vous corresponde parfaitement.
La City n'embauche que les meilleurs : Bien que vous le soyez aussi, vous vous demandez pourquoi l'on vous embaucherait, vous? Vous êtes une personne formidable, mais vous raisonnez que la City, de part sa taille, n’attire que des personnes compétentes du monde entier, et qu’un employeur a dès lors à sa disposition un grand bassin de talent, et alors pourquoi vous prendrait-on? En principe, un tel préjugé ne tient pas debout. Primo, les employés en finance sont des gens ordinaires. Certains sont en effet de haut calibre et jureront qu’ils rêvaient d’être banquier lorsque leurs mères les allaitaient encore. Mais hormis ces cas particuliers (je connais un très bon psychiatre), la majorité ne sont que des personnes ordinaires qui ont accepté de beaucoup travailler en échange d’un salaire élevé. S’il faut leur concéder un véritable talent, c’est leur capacité d’opérer sans grand sommeil et d’ingurgiter beaucoup de café. Secundo, en tant qu’employeur devrais-je me limiter quant à la quantité de bons employés que je souhaite au sein de mon entreprise? Bien sûr que non, d’ailleurs un employeur qui souhaite être profitable ne cherche pas à recruter que quelques bons candidats, il les veut tous.
Votre anglais n’est pas parfait : Et alors? Mais qui croyez-vous que les banques de la City financent? Que les multinationales galloises et les mines fermées de Sheffield? La City regroupe toutes les banques de renom et regorgent de petites banques et fonds de couvertures au acronymes indéchiffrables. Votre anglais n’est pas excellent. C’est bien dommage, mais votre employeur ne vous demande pas d’écrire des vers en pentamètre iambique non plus. Ce que l’on veut de vous, c’est que vous connaissiez bien votre métier financier. Et enfin, puisque vous parlez une autre langue (le français, par exemple), votre employeur anglais affligé d’unilinguisme sera ravi (peut-être même ému, qui sait) de vous avoir.
Conseil particulier pour les Québécois et Canadiens-Français : Lors d’une entrevue pour un poste en finance en Angleterre, NE SOURIEZ PAS. Soyez sérieux et poli, mais ne souriez pas comme nous le faisons au Québec et au Canada. Ce n’est pas que les employeurs britanniques soient à la recherche de candidats à l’expression tendre d’un fier-à-bras, mais le secteur bancaire est un peu plus sec, c’est tout. Au Québec, et dans une certaine mesure, ailleurs au Canada, il est de bienséance que de sourire, mais à Londres, ce serait une maladresse que de trop sourire lors d’un entretien car l’on pourrait le confondre pour de l’excessive émotion. Donc, dit crûment, souriez comme on le fait chez nous, et on ne vous prendra pas au sérieux. Bien que ce ne soit qu’une question de style, il demeure qu’ici, l’impassibilité, c’est la norme. Alors, apprenez le plus vite possible à faire comme vos hôtes.
Formalisme : Portez un complet sobre, gris, noir, bleu foncé. Le milieu d’affaires est, en effet, plus conservateur dans son choix d’accoutrement en milieu de travail qu’en Amérique. Bien que votre futur employeur puisse privilégier le port de tenues décontractées, vous ne pourrez jamais commettre de faux-pas en vous habillant de manière modeste lors d’une entrevue.
Rabais du nouvel arrivé ( the newcomer’s discount) : C’est sans doute une des périodes les plus amères pour bien de nouveaux arrivés. Bien que l’on vous ait peut-être fait une offre d’emploi, on ne vous connaît pas. Vous êtes temporairement un véritable immigrant, un non-initié au pays. Posez-vous donc la question, pourquoi un employeur vous embaucherait, vous? D’accord, vous êtes un grand séducteur et très performant, mais pourquoi donc un employeur ne prendrait-il pas un extraordinaire candidat local, qui connaît probablement mieux le marché que vous, et dont l’entregent est taillé sur mesure aux habitudes locales. Avec vous, en sommes, tout employeur prend un risque. Donc, votre premier emploi est souvent assorti d’une prime à la baisse, un salaire qui vous fera peut-être honte, voilà donc ce qu’est le rabais du nouvel arrivé . Temporairement, votre valeur marchande dans le marché du travail est diminuée. Mais ne soyez pas haineux (pas trop en tout cas) envers votre premier employeur, il vous a après tout donné une chance. Avant de commencer à manger des anti-dépresseurs le matin avec vos céréales, dites-vous simplement, que ce premier emploi, n’est que ça, un premier emploi. Vous étiez très performant dans votre pays, vous le serez aussi dans votre pays d’adoption. Il ne s’agit que d’attendre un peu pour que votre nouvel employeur puisse s’en rendre compte .
Le phénomène Tanguy : je viens de finir mes études, j’ai presque 30 ans et je n’ai aucune expérience de travail pertinente. Suis-je trop vieux ? Cette question, nous la recevons à toutes les deux semaine. Réponse : Non ! Dans le secteur financier britannique, ce sont vos aptitudes et compétences qui vous gagnent un salaire. Lors d'un entretien, il est vrai que votre âge vous démarquera des autres candidats dans la mesure que les Britanniques finissent habituellement l'université vers les 21-22 ans. Mais s'il y a dérangement, ce ne sera que du fait que vous vous sentirez peut-être un peu gêné d'être entouré de candidats qui seront presque toujours plus jeunes que vous. Or, cela ne vous empêchera en rien de trouver un emploi, car tout employeur, sans pourtant le mentionner, appréciera vraisemblablement le fait qu'il rencontre un candidat plus mûr, avec les qualités qui s'y rattachent.